Jacques-A. BERTRAND, Les autres, c'est rien que des sales types

Publié le par Lucretius

J'ai écrit il y a quelques jours que Beigbeder avait le sens de la formule, je faisais erreur : je n'avais pas lu Les autres, c'est rien que des sales types. Pour toute excuse je dirais que ces derniers temps, j'avais presque oublié qu'un roman contemporain pouvait être écrit avec mordant et subtilité. Dans le cas qui nous occupe, il ne s'agit pas vraiment d'un roman, mais plutôt d'une classification scientifique de tous les sales types, sans qui la vie ne serait pas ce qu'elle est. Chaque chapitre procède rigoureusement en commençant par une définition du genre (par exemple le Con), puis un descriptif très documenté des moeurs et caractéristiques de l'individu (son chien est toujours significatif), enfin une énumaration des espèces (le Vieux con, le Grand con, etc.)  Par ce ton et cette observation scrupuleuse, on dirait presque que l'auteur a décidé de porter un regard d'entomologiste sur les diverses espèces de sales types. Mais il s'agit surtout d'un jeu sur la langue, et la manière dont nous l'employons : toutes les insultes deviennent des catégories objectives et palpables. Et ces expressions toutes faites, qu'on entend tous les jours, prennent un relief et une réalité incroyable. Le tout est filé avec aisance, dans un style sec, vif et cinglant.
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