Bruno TESSARECH, Les sentinelles

Publié le par Lucretius

Que savait-on, que faisait-on, quand les nazis exterminaient méthodiquement les juifs?Autour de cette question terrible et complexe,  Bruno Tessarech n'écrit pas un traité ou un essai, mais un roman. Tout commence avec la manière dont le sort des réfugiés juifs a été traité par les pays européens qui ne voulaient pas les accueillir, et semblaient surtout préocuppés par ne pas perdre la face. Dans ce monde cynique, Bruno Tessarech choisit de prendre le point de vue d'un jeune diplomate lucide, qui comprend les enjeux, et a gardé ses principes, dénommé Patrice. Ce personnage trop parfait, est bien entendu une création. Il n'en va pas de même des autres figures qui apparaissent, comme Roosevelt ou Kurt Gerstein. Tessarech n'hésite pas à écrire un monologue intérieur d'Hitler. Tous ces personnages fonctionnent comme des emblêmes. La forme romanesque n'est que l'habillement d'un discours historique et moral, sur la lâcheté des européens, puis des américains, qui ne voulaient pas savoir. Ceux qui ne connaissent pas très bien cette période pourront apprendre des choses intéressantes, mais pour ma part, j'aurais préféré un vrai livre d'histoire, plutôt qu'un livre qui, sur le plan romanesque, ne fonctionne pas. Patrice, dans ses indignations et sa pureté morale, ressemble trop à quelqu'un de notre époque qui a suffisamment de distance pour juger l'Histoire ; malgré tous ses efforts, Tessarech n'arrive pas à plonger le lecteur dans l'esprit du temps, et à envisager la situation du point de vue de ceux qui la vivaient. S'il avait réussi cela, sans pour autant être complaisant, la forme du roman aurait trouvé naturellement sa justification, et le livre aurait été exceptionnel. Malheureusement, l'auteur aborde tout à la surface, et se contente de synthétiser sa documentation.

Bruno Tessarech, Les sentinelles, Grasset, 2009.
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Y
<br /> Ne peut-on pas prendre ses distances des événements contemporains, un peu comme si on faisait partie du futur?<br /> <br /> <br />
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